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Si l’avenir de nos enfants se jouait à l’école maternelle ?

Par Brigitte-Fanny COHEN le 13/09/2019


Brigitte-Fanny COHEN

Chroniqueuse santé

@b_cohen1972

Experte en actu santé, Brigitte-Fanny Cohen rédige chaque jour des chroniques sur les innovations thérapeutiques et les astuces pour venir à bout des maux du quotidien.


12 millions d’élèves ont fait leur rentrée, dont 3 millions à l’école maternelle. Une école dont les missions sont déterminantes pour le développement et la réussite d’un enfant. Ce que souligne un ouvrage collectif*, dirigé par le psychiatre Boris Cyrulnik. Nous l’avons rencontré.

Brigitte-Fanny COHEN (BFC) : l’école maternelle doit-elle renforcer l’égalité des chances ?

Boris Cyrulnik (BC) : c’est en effet un moment privilégié pour renforcer l’égalité des chances. Dès la troisième année, certains enfants maîtrisent la parole, ils vont fournir la population des futurs bons élèves. Ceux qui ont un frein de l’existence ont déjà moins de chances de réussir à l’école, donc dans la société. Les violences conjugales, la précarité sociale et le fait de vivre avec une maman isolée sont les trois grandes causes qui altèrent le développement des enfants.

BFC : quel est le rôle de l’enseignant d’école maternelle ?

BC : c’est d’abord de donner confiance aux enfants, de renforcer leur estime de soi, de les sécuriser afin de leur donner le plaisir de faire l’effort d’apprendre. L’instruction viendra plus tard quand les enfants aimeront réaliser cet effort.

BFC : entrer à l’école maternelle à deux ans, est-ce un avantage ou pas ?

BC : j’y étais opposé parce que la plupart des enfants de deux ans ne sont pas propres et ne parlent pas, ce qui n’est plus le cas à trois ans. C’est pourquoi l’école maternelle est un stress pour bon nombre d’enfants de deux ans, alors qu’à trois ans il s’agit d’une aventure amusante.

BFC : L’école maternelle doit-elle stimuler voire sur-stimuler les enfants, comme le demandent certains parents ?

BC : ce qui stimule les enfants, c’est l’acquisition de l’estime de soi. La sur-stimulation des enfants les stresse et les inhibe. La sécurisation améliore les résultats scolaires, alors que la sur-stimulation obtient parfois de bons résultats scolaires mais à un prix humain exorbitant. Par exemple au Japon l’école est parfois une forme de maltraitance des enfants.

BFC : que devrait être aujourd’hui l’école maternelle idéale ?

BC : c’est celle qui apprend à se socialiser par les mots, les rencontres, la musique, les jeux… Et l’instruction viendra plus tard, spontanément.


Propos recueillis par Brigitte-Fanny COHEN
*« Préparer les petits à la maternelle » ouvrage collectif dirigé par Boris Cyrulnik, éditions Odile Jacob


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